19.   La piste "Judeo-Bolchevique"? Une bonne question... mal posée

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19.1 Une mauvaise “copie
19.2 L'”anti-bolchevisme” antijuif de la SS
19.3 Une “évidence” douteuse
19.4 Une lucidité remarquable
19.5 Le tournant de la fin de l'été 1941
19.6 L'épreuve des fidèles
19.7 La pédagogie par l'acte

La “bonne question” dont je vais traiter a été “mal posée” dans la controverse des intellectuels allemands sur la singularité de l'extermination des Juifs. Pour l'historiographie de la solution finale, le débat allemand, certes riche en idées, a été décevant. Ernst Nolte avait prétendu “expliquer les actions les plus secrètes de Hitler”, disait-il, par ce qu'il a appelé l'’‘angoisse suscitée par les actes d'extermination commis par la révolution russe[1]. L'explication des plus contestable n'a pas ou­vert cette “piste judéo-bolchevique” que je m'essayerai à explorer dans cet exposé.

19.1 Une mauvaise “copie

Au préa­lable, j'au­rais voulu resituer la “cage aux rats” de Nolte dans la problé­matique his­torique du génocide juif[2]. J'aurais fait état des répliques de Eber­hard Jäckel et de Hans Mommsen à la prétendue “thèse d'un assassinat “pré­ven­tif”". Ils ont, l'un et l'autre, très bien dit ce qu'il fallait en pen­ser. Le temps qui m'est imparti ne permet pas d'insister sur cette double cri­tique provenant d'historiens qui ne prati­quent pas la même lec­ture de la genèse du génocide juif. Je rappellerai simple­ment qu'au juge­ment de Jä­ckel, la thèse de Nolte est “faus­se[3] et que, pour Mommsen, elle “n'est pas seu­lement insou­te­n­able sous le rapport méthodologique, c'est aus­si par­faite­ment absurde dans ses prémisses comme dans ses con­séquen­ces[4]. Il n'y a vrai­ment pas lieu, pour l'his­to­riographie du gé­nocide - et quel que soit le schéma de son in­ter­pré­ta­tion - de s'attarder plus longtemps sur la “copie” de Nolte. Comme l'a dit Momm­sen, “avec son caractère his­torique tendan­cieux, la question lancée par Nolte ne peut guère nous être utile, aussi bien pour expliquer l'événement, que pour en mesurer la portée[5]. Elle ne peut être utile parce qu'elle a été mal po­sée. Il ne faudrait tou­tefois pas écarter la pro­blé­ma­tique “bolchevique” de la genèse du gé­no­cide juif.

Répondant à Nolte, Mommsen a souligné combien “il devient in­dis­pensable de mettre au jour les mécanismes - dans les con­ditions d'un endoc­trinement idé­o­logique, certes poussé, mais absolument pas intégral -, ils ont permis de transposer dans la ré­alité politique les rêves de liquidation des natio­nalis­tes antisémites”. Ce qui lui paraît déterminant, c'est “l'anti-bolchevisme hybride qui porta Hitler au pouvoir con­tribua largement à lever les restes d'inhibition morale chez ceux qui prêtèrent main forte aux sbi­res SS, parmi eux, et non des moindres l'armée allemande[6].

19.2  L'”anti-bolchevisme” antijuif de la SS

L'”anti-bolchévisme farci d'antisémitisme” dont parle Mom­m­sen s'applique, en fait, à tout le processus par lequel l'as­sassinat de masse a pris - également dans le chef des “sbires SS” - les di­mensions d'un génocide. Le mas­sacre systématique n'a pas com­mencé n'importe quand, ni n'importe où. On l'oublie trop souvent, le gé­nocide, c'est un événement et, en tant que tel, il est historiquement daté et géographiquement situé. C'est, dès l'invasion de l'U.R.S.S. et à l'arrière du front, que les Groupes d'action de la SS et de la police ont entrepris de fusiller des Juifs en masse. Qu'on lise la genèse du génocide selon la grille “inten­tion­naliste” ou “fonctionnaliste”, le fait est que “la solu­tion finale” bas­cule dans l'assassinat systématique de masse avec la guerre d'ex­ter­mi­nation raciale et idéologique contre l'Union so­vié­tique. C'était contre “le bolchevisme (...) ennemi naturel du peuple national-so­cialiste”, “contre cette idéologie et contre ceux qui la portent que l'Allemagne en­gage la lutte”, ex­pli­quait l'ordre du jour de l'armée, le 4 juin 1941. Ce qui si­gni­fiait, selon ses termes, “l'intervention sans ména­gement[6] et énergique contre les instigateurs bolcheviques, les par­ti­sans, les sabo­teurs et les Juifs, et l'élimination totale de toute résistance ac­tive ou passi­ve[8]. C'est dans ce contexte de l'anti-judéo-bolchévisme qu'il faut, selon ce qu'expliquait à la troupe le maréchal Von Reichenau, “pleinement comprendre qu'il est nécessaire d'ap­pliquer à la sous-humanité juive un châ­timent sé­vère, mais juste[9]. Dans cet ordre du jour qu'Hitler jugea “excel­lent[10], le commandant de la VIe armée ex­posait le 10 octobre 1941 que “le but de la campagne menée contre le système judéo-bolchevique, c'est l'écrasement com­plet des moyens dont il dis­pose pour as­surer son pouvoir et l'ex­termination de l'in­fluence asiatique à la surface de l'Europe”. Le “châtiment sé­vère” appliqué à “la sous-humanité juive” avait aussi, selon Von Reichenau, le “but accessoire (...) d'étouffer dans l'oeuf toutes les révoltes sous les arrières de l'armée qui, ainsi le montre l'expérience, ont toujours été fomentées par les Juifs”.

Du point de vue historique, le document Von Reichenau est absolument remar­quable. On y lit dans le texte d'époque la rationalisation nazie d'un géno­cide encore limité aux Juifs so­viétiques. Le racisme biologique - et il faut le souligner - n'y apparaît pas comme raison suffisante du mas­sa­cre. Le fan­tasme raciste autorise le “châtiment” en désignant les vic­times jui­ves comme “une sous-humanité” ou - pour reprendre les termes des tueurs SS - comme des “in­dividus sans intérêt au point de vue racial et intel­lectuel[11]. Dans ce besoin irré­pressible d'ar­­gumenter les massacres commis, la rationa­lisation bio­lo­gi­que est seulement la condition nécessaire. L'argument racial ne donne pas leur raison suffisante. Les SS appliquant le “traite­ment spécial[12] aux Juifs n'étaient pas moins regardés, pour leur “façon de procéder”, comme des “sau­vages” et des “sa­diques”. L'officier qui les commandait supportait mal “qu'en plus d'avoir à faire ce travail dés­agréable”, ils soient “encore (...) cou­verts de boue[13]. Devant cette “Al­le­ma­gne de Kant et de Goethe” dont la protestation s'insinuait même dans un discours nazi[14], le principe idéologique perdait son évidence. Il ne suffisait pas à lé­gitimer des “événements (ex­écu­tions en masse, meurtres de prisonniers civils, de Juifs et autres) ” qui, aux dires d'officiers militaires de haut rang, “blessent au plus profond le sentiment allemand de l'honneur[15].

Une instance militaire, l'Ins­pec­tion de l'armement en Ukraine préoccupée de la “sup­pression d'ouvriers absolument in­dis­pensables sou­vent même pour les be­soins de la Wehrmacht ”, pourra, en toute légitim­i­té, s'in­­quiéter, en décembre 1941, des consé­quences - à son point de vue négatives - de “la façon de résoudre le pro­blème juif en Ukrai­­­ne[16]. Si sa “conformité évidente avec des con­si­dérations idéologiques de prin­cipe” est reconnue, l'évidence ne rend pas pour autant supportable l'ampleur des massacres.

19.3  Une “évidence” douteuse

Au té­moignage de l'Inspection de l'ar­mement, “il n'y a pas eu à ce jour de plus gigantesque dans l'Union soviétique, par la quantité inouïe des arresta­tions, le nombre des exécutions at­teignant facilement 150 à 200.000 Juifs pour la partie de l'Ukraine contrôlée par le commissariat du Reich”. Un tel mas­sa­cre appelle un système de justification autre que raciale. L'ar­gu­ment de la “sous­-humanité” ne résiste pas à l'horreur répétée de la mise à mort d'êtres qui, en dépit de l'idéologie raciste, sont bel et bien des humains. L'Ins­pection de l'armement doit bien constater que “cette action s'étendait aux hommes et aux vieil­lards, aux femmes et aux enfants et était menée (...) d'une fa­çon af­freuse”.

 L'horreur trouvera, dans l'idéologie nazie de ses auteurs et de ses té­moins une légitimation d'ordre, je dirais, po­li­ti­co­-racial. La ré­férence au “système judéo-bolchevique” qu'il faut détruire signifie - autre évi­dence - que les vic­times jui­­ves ne sont pas la principale catégorie à ex­terminer. Les direc­tives pour les commandos de la police de sécurité opérant dans les camps de prisonniers de guerre soviétiques - le fameux “kommissärbefehl” du 17 juillet 1941, seul ordre d'ex­­termination conservé renvoient les Juifs en fin de liste. Ils occu­pent seulement la neuvième pla­ce dans les dix catégories retenues. Mais le docu­ment précise “tous les Juifs”, ce qui, dans le contexte, ne signifie encore que les soldats sovié­ti­ques de “na­tionalité” ou d'origine jui­ve[17]. La direc­tive situe leur importance loin derrière “tous les fonc­tionnaires im­portants de l'État soviétique et du parti”, mais né­anmoins avant “tous les individus et agita­teurs ou communistes fa­na­ti­ques”. Les Groupes de la SS et de la police - les Einsatzgruppen­ - dans les ter­ri­toires occupés s'at­ta­quaient également aux communistes. Dans son compte rendu gé­néral daté du 15 octobre 1941, le Groupe A qui opère dans les Pays bal­tes, en a exécutés, ... 3.387[18]. Le nombre est sans commune mesure avec celui des autres victimes : toutes sont recensées dans la rubrique des ... “Juifs”. En quatre mois d'activité, le compte macabre de cette formation paramilitaire dont l'effectif comporte à peine 990 tueurs et auxi­li­aires, opé­rateurs radio et employées femmes compris, s'élève à 118.430 Juifs fusillés. C'était sa manière d'exécuter, comme il le répète à la Sécurité du Reich d'où ils émanaient, sa “tache fondamentale d'o­pé­rer une élimination aussi com­plète que possible des Juifs conformément aux ordres reçus”. Au terme de la période suivante, le 31 jan­vier 1942, “l'élimination” atteint maintenant le chiffre de 229.052 Juifs qui “ont été exécutés[19]. Et, à nouveau, le Groupe insiste sur le fait que “le travail d'épuration systématique des terri­toires de l'Est consistait principale­ment, d'après les ordres qui nous ont été don­nés, dans la liquidation aussi complète que possible de la juive­rie”.

L'idéologie au quotidien qu'expriment ces rapports secrets destinés à l'autorité qui précisément a donné les ordres est significative. On n'y prête pas assez attention. Les officiers SS ne s'en tiennent pas au simple relevé des exécutions et des circonstances où ils ont opéré. S'adressant à l'autorité res­pon­sable, ils ar­gu­men­tent les massacres perpétrés comme si dans cette cor­res­pon­dance pourtant secrète, l'ordre ne suffisait toujours pas à les justifier. Cette rationa­lisation procède le plus souvent d'une argumentation de type sécuritaire. Parfois, l'argu­ment relève de la santé publique : “une menace aiguë d'épidémie” a ainsi dé­terminé le Groupe B “à procéder le 8.10.1941 à la li­quidation complète du ghetto de Vi­tebsk” où “le nombre de Juifs soumis au traite­ment spécial se monte à environ 3.000 [20]. Mais le plus souvent, l'argument est polico-ra­cial et procède du discours idéologique sur le “judéo-bolchévisme” et les dangers qu'il repré­sente pour la sécurité du territoire occupé. L'ar­gu­ment est aussi servi dans les rela­tions de service avec les autorités ci­viles nazies mises en place en zone soviétique occupée. “La question juive en Ru­thénie blanche, vu le danger qu'elle présente pour la situation géné­rale est un problème po­litique appelé de ce fait à être ré­solu”, note le commis­saire général de ce territoire”[21]. “Après quelques entretiens déci­sifs” avec les of­ficiers SS chargés de cette tâche, écrit-il, ont été “liquidé(s) au cours des dix der­nières semaines environ 55.000 Juifs”. Et, lui aussi, d'expliquer que “tous les engagements avec les partisans en Ru­thénie blanche ont prouvé que le judaïsme, tant dans l'ancien secteur po­lonais que dans les anciens secteurs soviétiques, forment avec le mouvement polonais de résis­tance et les gardes rouges de Moscou le principal rempart du mouvement de partisans de l'Est”. C'est “en conséquence”, conclut-il, que “le problème politique” doit “être résolu”.

Un document nazi d'une ex­ceptionnelle valeur historique dément ce fantasme “judéo-bolchevique” des tueurs SS. Le 17 septembre 1941, un rapport du groupe C qui opère en Ukraine révèle un bref moment de lucidité dans leur sanglant carnage.

19.4  Une lucidité remarquable

 Moins de trois après le début de la campagne de Rus­sie, ce Groupe soucieux d'assurer la sécurité tout autant que les trois autres formations de tueurs engagés dans les territoires soviétiques occu­pés s'aperçoit de la contradiction flagrante entre le massacre des Juifs et sa ratio­nalisation “judéo-bolchevique”. “Même s'il était possible d'éliminer totale­ment la juiverie, le coeur du danger politique n'en se­rait pas pour autant supprimé”, s'est-il enfin aperçu[22]. “L'action bolchevique est l'oeuvre des Juifs”, reconnaît le groupe C, mais il lui faut néan­moins y introduire la contribution nullement négligeable “de Rus­ses, de Géorgiens, d'Arméniens, de Polo­nais, de Let­tons”. Le rapport doit bien constater que “l'appareil bolchevique ne s'identifie nullement avec la population juive”. “Dans ces con­ditions”, con­clut ce document tout à fait remarquable, “nous manquerions notre objec­tif de sécurité politique si nous remplacions la tâche principale, qui est de détruire l'appareil communiste, par celle, re­lativement plus facile, de l'éli­mi­na­tion des Juifs”. Le plus remarquable n'est pas cette excep­tion­­nelle lucidité, mais le zèle du Groupe C qui n'en continua pas moins, en conformité avec les ordres, de massacrer sys­témati­quement les Juifs. Un mois après cette prise de conscience de l'inanité du discours idéologique, “les com­mandos du Groupe d'Action ont liquidé environ 80.000 personnes” le plus souvent juives[23]. Si “8.000 d'entre elles ont pu être convaincues après enquête d'activité anti-allemande ou bolchevique”, explique la Sé ­cu­ri­té du Reich, “le restant a été liquidé à la suite de mesures de repré­sailles (...) dans le cadre d'actions de grande envergure”. C'est ce Groupe C qui a accompli “la plus considé­ra­ble d'entre elles” dans la capitale ukrainienne. “A Kiev”, avait annoncé le compte-rendu secret de Berlin en octobre 1941, “la totalité des Juifs furent ar­rêtés et les 29 et 30 sep­­tembre, 33.771 de ces Juifs furent exécutés[24]. A la date du 3 novembre 1941, le Groupe C, “arrivé(...), il est vrai, à une solution totale du problème juif dans les petites villes et les villages” mais ne parvenant pas encore à l'atteindre dans “des grandes villes” enregistrait déjà un bilan de “75.000 Juifs environ[25].

Ce dont témoigne l'activité de ce Groupe C, c'est du pro­cessus par lequel sur le terrain et pour les assas­sins SS, le massacre “judéo-bolcheviste” bascule dans le génocide. Leur ac­tion, confondue au départ avec la guerre d'extermination raciale et idéolo­gique contre “système judéo-bolchevique” se mue, au tournant de l'été 1941, en un acte - l'assassinat sys­té­­ma­tique des Juifs - dont la raison d'être ne s'articule plus au discours politico-ra­cial du nazisme. En d'autres termes, et sur toujours sur le ter­rain où les mots de l'histoire nomment les choses, les SS tuent désormais les Juifs bel et bien sans raison. Ils les massacrent par “obéissance” pour se conformer à l'ordre reçu, et quelles qu'en soient les raisons. Il fallait, selon Himmler, que Leurs chefs se devaient, dans cet exercice, d'être “un ex­em­ple d'o­bé­is­sance”. Les “mots” du chef des SS dans le Reich étaient “très clairs” à ce sujet et “ne laiss(aient) au­cun doute” en ce qui concerne plus particulièrement “l'extermination”. Dans son corps d'élite, l'”o­bé­issance” venait im­mé­diatement après cette “fidélité” qui l'”hon­neur” des SS[26].

Cette évolution qui fait la singularité du génocide juif est histori­quement da­tée de la fin de l'été 1941. Le moment est crucial à maints égards. Il marque un tournant dont on ne saurait sous-estimer la significa­tion histo­ri­que ni dans la Seconde Guerre Mondiale, ni dans la genèse du génocide juif.

19.5  Le tournant de la fin de l'été 1941

 En juillet 1941, Hitler s'était encore réjoui dans son quar­tier-géné­ral de “la guerre des partisans” à la laquelle se heurtaient ses trou­pes à l'arrière du front oriental. “Cette guer­re de partisans présente quelques avantages pour nous : elle nous permet de liquider tous ceux qui s'opposent à nous”, avait-il dit[27]. Le lendemain, la police de sécurité était autorisée à pénétrer dans les camps relevant de l'armée pour repérer les prisonniers de guerre communistes et juifs à abattre. Les “fusil­lades” et la “déportation des anciens habitants” - toutes “mesures utiles” - étaient “le prélude à une établissement définitif”. Hitler s'inscrivait dans le long ter­me de l'espace vital à l'Est où le Grand Reich allemand se devait d'em­pêcher “une puissance militaire” de “s'établir à l'Ouest de l'Oural, quand même il faudra faire la guerre pendant cent ans”. L'objectif de l'opération “Barberousse” se situait dans le court terme: “une brève cam­pagne” de 5 mois! Dès l'été 1941, le sursaut de la “guerre de partisans” dénonçait le calcul hit­lé­rien. Il préfigurait la résistance farouche que les troupes alle­mandes ren­contreraient au tournant de l'automne. En novembre 1941, à l'échéance du dé­lai imparti pour écraser l'armée rouge, l'”Etat russe” qui aurait dû “être détruit jusqu'aux racines d'un seul coup” - selon le plan de Hit­ler[28] - tenait toujours et même au début de décembre, les troupes soviétiques con­tre-attaquaient devant Moscou. Désormais, à cause de ce premier échec de la guer­re-éclair, la seconde guerre mondiale serait longue comme l'avait été la pre­mière.

La référence est historique et renvoie aux débuts du nazisme. Le 19 no­vem­bre, Hitler y pense et, dans ses propos familiers, il éprouve le be­soin de rappeler “les notions de base qui (...) ont servi dans la lutte pour le pouvoir”. “Les mêmes notions” s'appliquent “aujourd'hui dans la lutte que nous menons sur le plan mondial”, enseigne-t-il[29]. Et d'expliquer sa conviction profonde: “nous tri­om­pherons éga­lement dans cette entreprise”, assure-t-il, “parce que nous luttons fanatique­ment pour notre victoire et que nous croyons en notre victoire”. Ce propos de Hitler n'est pas seulement significatif car il vient au moment où la guerre-éclair n'a pas vaincu. Le Führer exprime aussi cette volonté radicale et fanatique à l'occasion ... de la déportation des Juifs d'Allemagne. Il vient de l'autoriser en direction des zones d'opérations des Groupes d'action de la SS et de la police. Le fait signifie que la décision d'exterminer tous les Juifs d'Europe a, enfin, été prise. Hitler évoque cette déportation devant ses familiers car “quelques bourgeois pleurnichent aujourd'hui sous prétexte que les Juifs doivent quitter l'Allemagne”. Pourtant, pro­cla­me-t-il, “le parti doit de­meurer aussi dur qu'il l'a été durant la conquête du pouvoir”. “Il faut”, ajoute-t-il livrant sa conviction profonde, “qu'en tout temps, le Führer ait la certitude qu'il peut compter sur l'appui inébranlable des membres du parti et qu'il peut compter d'autant plus que certains compatriotes sous le poids des circonstances se montreraient chan­celants”.

19.6  L'épreuve des fidèles

Est-ce à dire que la “solution finale” est désormais la manière d'éprouver la fidélité des partisans? En tout état de cause, quinze jours plus tard, dans la nuit du 1er au 2 décembre 1941, Hitler s'explique sur “la raison en quelque sorte providentielle” de ce qu'il appelle “le rôle destructeur du Juif[30]. “Si la nature a voulu que les Juifs soient le ferment qui pro­voque la décomposition des peuples, fournissant ainsi à ces peuples l'occasion d'une réaction salutaire, dans ce cas, les St Paul et les Trotsky sont, de notre point de vue, les Juifs les plus estimables. Du fait de leur présence, ils provoquent la réaction de défense de l'organisation ethnique”. Le plus remarquable dans cette pédagogie hitlé­rienne de la fin de l'automne 1941 est cette référence au premier chef de l'armée rouge. Le Führer parlait plus volontiers à ses familiers de “Mar­dochée” qui s'est “transmuté (...) en Marx[31]. Le 21 octobre précisément, il leur avait confié qu’“en exterminant cette peste, nous rendrons à l'humanité un ser­vice dont nos soldats ne peuvent se faire une idée”. En ce tournant de l'automne décidément crucial, le Führer rappelait - en présence de Himmler et de Heydrich - sa prophétie du 30 janvier 1939, à savoir que “le Juif dis­paraîtrait d'Europe dans le cas où la guerre ne pourrait être évitée”. “Cette race de criminels”, expliquait-il, “a sur la conscience les 2 mil­lions de morts [allemands] de la guerre mondiale et maintenant des cen­taines de milliers[32]. Et, se référant au malaise provoqué dans le Reich par la déportation des Juifs allemands, Hitler s'indigne: “que per­sonne ne vienne me dire qu'on ne pourtant pas les parquer dans les régions maréca­geuses de l'Est? Qui donc se soucie de nos hommes? ”. Il veut dire de ses soldats qu'il a lancés dans la campagne de Russie sans même prévoir leur équipement d'hiver. Pour l'heure, il a d'autres préoccupations dans ses confidences sur la déportation vers l'Est. “Il n'est pas mauvais d'ailleurs”, enchaîne-t-il aussitôt, “que la rumeur publique nous prête le dessein d'exterminer les Juifs: la terreur est une chose salutaire”.

Au moment, non plus des revers, mais des défaites cui­santes - après Stalingrad -, le service de presse veillera au meil­leur usage de cette pé­dagogie na­zie. “La propagande anti­juive occupe”, selon ses directives de février 1943, “le même ni­veau que la propagande anti-bolchevique”. “Le traitement de ces thèmes”, recommandera-t-il, “se place dans le cadre de la campagne (...) nécessaire pour provo­quer des sentiments de haine[33]. La presse nazie pourra annoncer que “l'ex­ter­mination du judaïsme n'est pas une perte pour l'humanité. Elle est uti­le” et on se “référer(a) à la parole du Führer, à savoir qu'à la fin de cet­te guerre, il n'y aura que des survi­vants et des exterminés. En rele­vant la ferme intention du judaïsme d'ex­ter­miner tous les Allemands, on porte fière la volonté d'af­fir­mation de soi-même[34]. Et en exterminant les Juifs?

19.7    La pédagogie par l'acte

Cette pédagogie par l'acte ne relevait pas, quant à elle, de la pro­pagande. Un mois après Stalingrad, c'est dans le secret de son journal in­time que précisément le mi­nistre de la propagande confie la portée pédago­gique du massacre en cours : “nous sommes en particulier tellement engagés dans la question juive qu'il nous est désormais impossible de recu­ler. Et c'est tant mieux, ” ajoute Goebbels. “Un mouvement et un peuple qui ont coupé les ponts derrière eux combattent avec beaucoup plus d'énergie - l'expérience le prouve - que ceux qui ont encore une possibilité de re­traite[35]. Ce faisant, la SS composait, selon Himmler, “une page de gloire de (son) his­toire qui n'a jamais été écrite et ne le sera ja­mais[36]. Les auditeurs du Reichsführer SS - les généraux SS réunis ce 4 octobre 1943 à Posen - “la plu­part (...) savent”, selon son témoignage, “ce que c'est de voir un mon­ceau de 100 cadavres, ou de 500 ou de 1000 . Le se­cret qui les lie, le chef des SS le justifie par les “difficultés” aux­quelles, dit-il, “nous nous heurterions si, en plus des attaques aériennes, des charges et des pri­va­tions nées de la guerre, nous devions nous préoccu­per des Juifs, de leurs saboteurs clan­destins, de leurs agitateurs et de leurs provocateurs. Nous retournerions vraisemblablement au stade des an­nées 1916/17 quand les Juifs étaient en­core installés dans le corps du peuple allemand”. Ces confi­dences sur “un sujet extrêmement difficile” dé­butent, il faut y insis­ter, par une autre référence historique. “Entre nous”, avait dit Himmler, “nous allons l'a­bor­der franchement et cependant, en public, nous ne devons jamais en parler, pas plus que du 30 juin 1934. A chacun l'idée répugnait l'idée d'avoir à accomplir le devoir imposé et à coller au mur et fusiller les ca­marades qui avaient failli et cependant, chacun resta pleinement con­scient du fait qu'il l'accomplirait à nouveau, la fois suivante, par obéis­sance aux ordres et à la nécessité”. La nuit des longs couteaux, acte fon­dateur de la SS , avait été, en 1934, le banc d'épreuve de la “fidélité” SS au Führer. L'ex­­ter­mination des Juifs a-t-elle été face à des “cir­constances” où “cer­tains dans le Reich pourraient se montrer chance­lants”, une autre manière d'as­surer au Führer “l'appui in­ébranlable” des plus fidèles d'entre les fi­dèles? Cet­te détermination im­pla­ca­ble des SS dans l'“extermination des Juifs” était, quant à elle, ob­jectée à l'irrésolution du parti. Dans le discours que Him­mler faisait à ses généraux, il in­s­cri­vait, sou­ci­eux de leur “gloire”, le point: “éli­mi­na­tion des Juifs, ex­ter­mi­na­­tion” au pro­gram­me inaltérable de 192O. La révision himm­lé­rien­ne à re­bours de l'histoire faisait dès lors dire à “chaque membre du parti” que “le peuple juif sera ex­ter­miné”. Et dans cet­te re­lec­ture, chacun se plaisait à pro­cla­mer: “nous fe­rons cela. A la suite de quoi”, conti­nue Himmler tout aus­si sar­cas­tique qu'à l'égard des “fai­blesses” de ses hommes, “on voit ar­ri­ver 8O mil­lions de braves alle­mands, cha­cun avec son bon juif. Tous les autres sont des porcs, naturelle­ment, mais leur juif est épa­tant. Pas un de ceux qui par­lent ainsi n'a vu les ca­davres, pas un n'était sur pla­ce”. Le 6 oc­to­bre 1943, Himmler parlait cette fois devant les dignitaires du parti, gauleiter et Reichs­leiter. Le chef des SS vient de leur dire que lui, Himmler, il pos­sède “la résistance nerveuse pour éteindre avec le pied, le moindre petit feu et encore plus tous les feux de quelque impor­tance” et, “à ce sujet, dans ce cercle extrêmement réduit”, enchaîne-t-il, il tient à “abor­der une ques­tion (...) qui a été la plus difficile à ré­soudre de toute (s)a vie: la question juive[37]. “Il a fallu prendre la grave dé­ci­sion de faire dis­paraî­tre ce peuple de la terre”, leur confie-t-il. “Ce fut pour l'or­gani­sation qui dut accomplir cette tâche, la chose la plus dire qu'elle ait connue. Je crois pouvoir dire que cela a été accompli sans que nos hommes, ni nos officiers n'en aient souffert dans leur coeur ou dans leur âme”. A l'es­time d'Himmler, ses SS avaient bien surmonté l'épreuve “juive”. Il n'en reste pas moins qu'il leur avait fallu se faire la main dans le combat contre le “système judéo-bolchevique”.

Cette piste “judéo-bolche­viste” est es­sen­tielle dans la com­pré­hen­sion du génocide juive pour autant que la re­cher­che ne se laisse pas à son tour piégée par le discours idéologique. Avec sa “ca­ge aux rats”, Nolte s'interdisait d'apercevoir que l'“anti­bol­chevisme farci d'an­ti­sémitisme” contribua et largement à lever chez les “sbires SS” ces “restes d'inhibition morale” dont Hans Mommsen parlait à propos des mi­litaires qui leur prêtè­rent main forte!


[1]. Voir in Devant l'Histoire Les documents de la controverse sur la singularité de l'extermination des Juifs par le régime nazi, Cerf, 1988, p.33-34.
[2]. Nolte (ibidem, p.33) s'est référé à un propos de Hitler le 1er février 1943, après la capitulation de la VIème armée à Stalingrad. Prévoyant que des officiers par­ti­ci­pe­raient à la propagande sovié­tique, Hitler
 expli­que : "Il faut vous l'imaginer (un tel officier) arrivant à Moscou, il faut vous représenter la "cage aux rats". Il ac­ceptera de signer n'importe quoi. Il fera des aveux, des décla­ra­tions ..". Selon Nolte qui se réfère à 1984 de G. Orwell, cette "cage aux rats" serait une torture attribuée à la "Tchéka chinois" : le prisonnier est menacé d'être livré à un rat en­fermé dans une cage "et tel­lement affamé qu'il est à moitié fou".
[3]. Jäckel, spécialiste de Hitler
 idéologue (Ed. Calmann-Lévy, 1973) et de ses moindres papiers (Sämtliche Auf­zeich­nungen 1905-1924) a précisément constaté qu'"une cage aux rats, les assassinats commis par les bolcheviques ou un peur particulière que ces derniers lui au­raient inspirée n'y apparaissent nullement. Au contraire, Hitler a toujours pensé que la Russie sovié­ti­que, pré­ci­sé­­ment parce que dominée par les Juifs, n'était qu'un colosse aux pieds d'argile, incapable de se défendre. L'aryen n'avait nullement peur des sous-hommes slaves ou juifs. Le Juif, écrit Hitler dès l926 dans Mein Kampf n'est pas un élément capable d'organisation, mais un fer­ment de décomposition. L'Empire gé­ant de l'Est est mûr pour l'écroulement. De cela, Hitler en était encore con­vaincu quand il donna l'ordre à ses soldats d'entrer en Russie sans les doter de l'équipement d'hiver. En revan­che, Hitler savait fort bien mobiliser pour ses objectifs les peurs anti-bolchéviques de la bourgeoisie. En pu­blic, il parlait volontiers des hordes asiatiques menaçant l'Eu­rope et il présentait sa conquête de l'es­pace vital comme une guerre préventive, ce qui était faux. mais il ne faut pas confondre ces déclarations tactiques avec ses véritables motivations. Ce que l'on veut nous suggé­rer, c'est la thèse d'un "assassinat pré­ventif". Cette thèse est aussi fausse que celle de la guerre préventive"(Voir Devant l'Histoire,p.1OO).
[4]. Explorant cette "hypothèse" d'"un lien de cau­salité entre l'archipel du Goulag et Ausch­wit z", Mom­msen écrit, de ce point de vue, que "l'anti­bolchévisme hybride dont Hitler  apparaît d'un tel point de vue, comme la "vic­time" (chacun sait qu'il n'a pas attendu les mesures sta­lini­en­nes contre les kou­laks pour apparaître, et on peut dif­fi­ci­lement le faire découler de la seule violence de la guerre civile russe) exerça sur Hitler une telle con­trainte subjective qu'elle le força à em­ployer les mêmes méthodes (donc les méthodes qu'il attribuait aux Juifs en tant que tels); il céda à l'illusion qui con­sis­tait à croire que le bolchevisme était une invention juive. Subjectivement donc, pourrait-on poursuivre, l'an­ti­sémitis me de Hitler était compréhensible, même, si ses mé­thodes, pour d'autres raisons, restaient inexcusables. Mieux vaut ne pas trop penser à ce que de telles cons­truc­tions im­pli­quent .." (Devant l'Histoire,p.151)
[5]. Ibidem, p.152.
[6]. Ibidem, p.15O.
[7]. Dans Mein Kampf (p.169-17O), Hitler  parlant de la "po­si­tion" qu'il aurait fallu prendre en 1914 "à l'égard du mar­xisme" et contre "toute la fourbe association de ces juifs empoisonneurs du peuple", écrit qu'"on aurait dû employer sans ménagements tous les moyens de la force armée pour exterminer cette pestilence". Plus loin,  (p.677-679), Hitler explicite cette détermination "sans ménagement", dans le fameux passage sur les gaz : "Si l'on avait, au début ou au cours de la guerre, tenu une seule fois douze à quinze mille de ces hébreux corrupteurs du peuple sous les gaz empoisonnés que des centaines de milliers de nos meilleurs travailleurs allemands de toute origine et de toute pro­fession ont dû endurer sur le front, le sacrifice de millions d'hommes n'eût pas été vain". Le pas­sage n'est pas l'annonce des chambres à gaz d'Auschwitz . Dans le contexte, les 10.000 à 12.000 Juifs sont "la tête de serpent marxiste" et "les chefs marxistes" qu'"on avait négligé d'écraser une fois pour toutes", "faute commise en 1914/1915".
[8]. Ordre du jour de l'État-Major de l'Armée de Terre, le 4 juin 1941, directives pour le comportement de la troupe en Russie, dans J. BILLIG, solution La solution finale de la question juive, Essai sur ses principes dans le IIIème Reich et en France
 sous l'Occupation,  Paris , 1977, p.60.
[9]. Doc. Nuremberg  D-411. Ordre du jour du commandant en chef de la VIe armée, le maréchal von Reiche­nau, 10 octobre 1941. Voir l'analyse de H. Krausnick, soulignant la démarche de Von Reichenau qui, tout en se référant aux principes de l'idéologie raciale, incline à faire appel à des "motifs de vengeance primitifs, mais plus aisément accessibles" (voir H. KRAUSNICK et H.-H. WILHELM, Die Truppe des Weltanschauungskrieges, Die Einsatzgruppen  der Sicherheitspolizei und des SD 1938-1942, DVA, Stuttgart, 1981, p. 259).
[10]. Voir R. HILBERG, La destruction des Juifs d'Europe, Fayard, Paris
, 1988, p.278.
[11]. Doc.Nuremberg
 NO 316O, Le chef de la police de sécurité et du service de sécurité, compte rendu des événements URSS  n°124, Berlin , le 25 octobre 1941, p.2 et p.6. Autre traduction dans H. MONNERAY, La per­sécution des Juifs dans les pays de l'Est, présentée au procès de Nu­rember g, Paris , 1949, pp.299-300
[12]. Sur le cryptogramme "traitement spécial", voir M. STEINBERG, “Les yeux du témoin et le regard du borgne. lecture critique d'un génocide au quotidien”, dans Cahiers du Centre de Recherches et d'Etudes historiques de la Seconde Guerre mondiale, 12, mai 1989, pp. 31-84.
[13]. lettre du comman­dant de la SIPO-SD en Ruthénie blanche à l'état-major personnel du R.F.SS
, signé lieutenant-co­lonel Strauch, Minsk, le 2O juillet 1943, ci­tée d'après W. HOFER, Le na­tional-socialisme par les textes, pp. 297-298. "On nous repro­chait con­ti­nuel­lement, à mes hommes et à moi, d'être des sauvages et des sa­diques, alors que je ne faisais que mon devoir", écrivait Strauch. "Même le simple fait que des médecins-dentistes aient enlevé des plombages en or aux Juifs desti­nés au traitement spécial - conformément aux ordres - a été le pré­texte à re­proche. Kube rétor­qua que notre façon de procéder était in­digne de l'Allemagne  de Kant et de Goethe. Si l'Allemagne était per­due de réputa­tion dans le monde entier, c'était notre faute. Par ail­leurs, c'était un fait que mes hommes jouis­saient lu­briquement de ces exécu­tions".
[14]. Le lieutenant-colonel SS
 Strauch rap­portait les propos de Wilhelm Kube, le com­missaire général pour la Ruthé ­nie blanche qui l'avait convoqué le 20 juillet 1943 après que l'officier SS eut fait appliquer le "traitement spécial" à 70 ouvriers juifs employés chez le dignitaire nazi.
[15]. NOKW-3097 Ordre du général O. Wöhler, chef d'état-major de la 11ème armée, le 22 juillet 1941, cité dans R. HILBERG, op. cit., p. 280.
[16]. Doc. Nuremberg
 PS 3257 Inspection  de  l'Armement  en  Ukraine,  au  chef  du Bureau de l'Economie et de l'Armement auprès  du Haut Commandement  de l'Armée, le général d'Infanterie Thomas à Berlin  , le 2 décembre l941, dans H. MONNERAY, op. cit., p. 111.
[17]. Doc. Nuremberg
 PS-502 IV Directives pour les commandos de la police de sécurité et du service de sécu­rité dans les Stalags, Berlin  17 juillet 1941, dans H. MONNERAY, op. cit., p. 102-105.
[18]. Doc. Nuremberg
 L 180 Groupe A compte rendu général jusqu'au 15 octobre 1941, le 31 janvier 1942, dans H. MONNERAY, op. cit., pp. 280-287.
[19]. Doc. Nuremberg
 URSS -57 Rapport du Groupe d'action A pour la période du 10 octobre 1941 au 31 janvier 1942, ibidem, p.51.
[20]
. Doc.Nuremberg
 NO 316O, Le chef de la police de sécurité et du service de sécurité, compte rendu des événements URSS  n°124, Berlin , le 25 octobre 1941, p.2 et p.6. Autre traduction dans H. MONNERAY, ibidem, pp.299-300.
[21]. Doc. Nuremberg
 PS 3428 Le commissaire général pour la Ruthénie blanche au commissaire du Reich pour les territoires de l'Est, chef régional Heinrich Lohse , Minsk le 31 juillet 1942 objet: lutte contre les partisans et action contre les Juifs dans le district général de Ruthénie blanche, si­gné: Kube, dans H. MONNERAY, op. cit., pp.140-143.
[22]. Doc. Nuremberg
 NO-3151, RSHA R 86 le 17 septembre 1941, cité dans R. HILBERG, op. cit., p.296.
[23]. Doc. Nuremberg
 NO 3157, Le chef de la police de sécurité et du service de sécurité, Compte rendu n° 128 des événements survenus en U.R.S.S., Berlin  le 3 novembre 1941, dans H. MONNERAY, op. cit., p. 3O2.
[24]. Doc. Nuremberg
 R 1O2, compte rendu n° 6 sur l'activité et la situation des Groupes d'action de la Po ­lice de Sécurité  et du Service de Sécurité en U.R.S.S., du 1er au 31 octobre 1941, dans H. MONNERAY, op. cit., p. 298.
[25]. Doc. Nuremberg
 NO 3157, Le chef de la police de sécurité et du service de sécurité, Compte rendu n° 128 des événements survenus en U.R.S.S., Berlin  le 3 novembre 1941, dans H. MONNERAY, op. cit., p. 302.
[26]. Himmler développe cette thématique dans ses discours de Posen, le 4 et le 6 octobre 1943, avec des variations selon qu'il s'adressait aux généraux SS
 ou aux dignitaires du parti. Voir plus loin.
[27]. Doc. Nuremberg
 L 221 Bo/Fu Compte rendu, Quartier Général du Führer, le 16 juillet 1941, dans H. MON­NERAY, op. cit., pp.  61-63.
[28]. Opération Barberousse Directive n° 21, Grand Quartier général du Führer, 18 décembre 1940
[29]. A. HITLER
, Libres propos sur la guerre et la paix, Flammarion, Paris , 1954, t I. p. 131
[30]. Ibidem, p.137.
[31]. Le 21 octobre 1941, ibidem, p.76-79
[32]. Le 25 octobre 1941, p. 84. Les instructions pour la déportation vers l'Est datent du 24 octobre. Voir Doc. Nuremberg
 PS 3921 Le chef de la police d'ordre, Berlin  le 24 octobre 1941, signé: Daluege, ob­jet: évacuation des Juifs de l'ancien Reich et du Protectorat, dans H. MONNERAY, op. cit. p. 211.
[33]. Directive de Otto Dietrich, chef du service de presse du Reich et du parti, datée du 5 février 1943, citée d'après J. BILLIG, op.cit, p. 81. 
[34]. Nolte avance l'argument de la belligérance juive repris aux "révisionnistes" négateurs du génocide (Voir E. NOLTE, “Légende historique ou révisionnisme
. Comment voit-on le IIIème en 1980?”, dans Devant l'Histoire, p.15.). Cette "thèse non né­gli­geable selon la­quelle Hitler  aurait eu le droit de traiter les Juifs comme des prison­niers de guerre, c'est-à-dire les interner" n'est pas d'épo­que. L'argument officiel des dé­portation s juives a été la "mise au travail " et précisément, celle-ci ne concernait pas les Juifs ressor­tissants de "pays ennemis" de l'Allemagne .
[35]. Le 2 mars 1943, dans Le journal du docteur Goebbels, Ed. du Cheval ailé, Paris
, 1949, p. 246
[36]. Discours d'Himmler aux généraux SS
 à Posen, le 4 octobre 1943, d'après F. BAYLE, Psychologie et éthique du Na­ti­o­nal­-socialisme, P.U.F., Paris , 1953, pp.438-439.
[37]. Himmler devant les Reichsleiter et les Gauleiter, à Posen, le 6.1O.1943 dans H. HIMMLER, Discours se­crets, Paris
, 1978, p.167-168