21. Le racisme au présent: un futur antérieur ? *

Table de matières  Print (4p)

21.1 La “nuit de cristal”: un modèle?
21.2 Le pogromisme
21.3 Judéophobie et antisémitisme
21.4 L’antisémitisme des années ’80
21.5 La 5e colonne?

La flambée de violences xénophobes, plus particulièrement en Allemagne en 1992-1993 porte à s’interroger sur le rapport du présent à l’histoire. Les feux de Rostock, de Mölln ou de Solingen évoquent d’autres brasiers. Dans la mémoire historique, les incendies d’aujourd’hui riment avec la “nuit de cristal” des nazis. On sait qu’elle précéda de peu cette seconde guerre mondiale - faut-il dire la deuxième? - où le racisme se déchaîna jusqu’à perpétrer un génocide dans l’Europe nazie. L’on ne saurait ignorer cette référence historique. Ce sont les vociférations nazies et les saluts hitlériens des incendiaires qui convoquent l’histoire au présent de 1992. A leur tour, les mouvements antiracistes européens n’ont pas manqué, dans ce contexte chargé d’histoire, de mobiliser l’opinion, surtout en Allemagne, pour commémorer, en guise d’avertissement, le cinquante-quatrième anniversaire de la terrible “nuit” du 9 novembre 1938.

Faut-il pour autant penser le présent au passé comme s’il annonçait un futur antérieur déjà connu? En histoire, il faut toujours se garder des analogies faciles. Elles masquent les différences et, en se trompant d’histoire, occultent la réalité que l’on prétend éclairer. Dans le rapport au passé, le parallèle abusif produit seulement une mémoire tronquée. Elle finit toujours par céder à la critique historique. Dans le rapport au présent, on se trompe tout autant d’histoire, mais - et c’est plus grave - au moment où elle s’accomplit et la sanction est ici la critique des faits. Ce qu’il importe toujours de bien appréhender, c’est ce qui est nouveau, car l’histoire, elle, ne se répète jamais!

21.1  La “nuit de cristal”: un modèle?

Les incendies de Rostöck, de Mölln ou de Solingen n’ont pas, en 1992, l’ampleur de celles de la “nuit de cristal” de 1938. Dans l’Allemagne national-socialiste, il ne faut qu’une seule nuit pour incendier, détruire ou dévaster près d’un millier de magasins et d’habitations, ainsi qu’environ 300 synagogues. Le bilan en vies humaines a aussi une tout autre dimension. La nuit du 9 au 10 novembre 1938 tue 91 Juifs. En 1992, les violences xénophobes n’ont fait, si on l’ose dire, “que” 17 victimes. Il y en avait 2 en 1990, 3 en 1991. L’explosion de 1992 a aussi ce caractère rampant: ses victimes, le plus souvent turques, surtout les enfants, se distribuent sur toute l’année.

C’est ce caractère rampant qu’il convient de retenir. Il ne se retrouve nullement dans le modèle de l’Allemagne national-socialiste de 1938. Pour autant qu’il faille une référence historique, le modèle se laisserait mieux entrevoir dans la Pologne autoritaire des années 1935-1937. On a tué, du cours de ces trois années polonaises, pas moins de 79 Juifs et blessé 500 autres. Dans cette Pologne d’avant la guerre - un peu comme dans l’Allemagne des années 1990 -, les victimes sont aussi le plus souvent des familles entières assassinées à leur domicile, ou encore des commis-voyageurs et des marchands ambulants, agressés au cours de leur déplacement. Quant aux pogroms de l’extrême-droite, ils y étaient moins meurtriers. Il s’agissait plutôt d’actions de boycott économique où opéraient des commandos disciplinés et qui ne tournaient au pogrom qu’en cas de résistance des Juifs. Le pouvoir, tout présidentiel qu’il fût, laissait faire. Soumis à l’armée, il rivalisait d’antisémitisme avec la Démocratie nationale comme s’appelait l’opposition nationaliste, dans la Pologne pluriethnique. Cette extrême-droite polonaise se servait de l’antisémitisme pour disputer le pouvoir à l’armée. Dans ce contexte sur fond de crise économique, sociale et nationale, la haine antisémite sourdait des profondeurs de la société et s'extériorisait dans les violences individuelles de type pogromiste.

La “nuit de cristal” n’a pas cette allure spontanée dans l’Allemagne nazie. C’est le parti qui la déclenche, mais il n’en prend pas la responsabilité devant l’opinion publique, tant nationale qu’internationale. Ses Sections d’Assaut et ses jeunesses hitlériennes se déguisent en civil pour se lancer contre les Juifs et faire croire à un mouvement de colère spontané. Les organes d’état, avertis du coup, laissent faire. En alerte, la gestapo attend les “troubles” pour interner aussitôt 20 à 30.000 Juifs dans les camps de concentration. Ils n’y demeureront pas. Les camps de concentration n’ont pas été institués pour l’internement des Juifs, mais des opposants d’abord les communistes. Dans l’antisémitisme nazi, il ne s’agit pas de tenir les Juifs sous la main. Du point de vue raciste, ils ne sont en aucune manière rééducables. Aussi, la plupart des internés de la “nuit de cristal” - car plusieurs mourront entre temps de sévices dans les camps - seront libérés à la condition expresse de quitter l’Allemagne en abandonnant leurs biens. C’est “l'éloignement des Juifs, pur et simple” qui est au programme de l’antisémitisme hitlérien, pas le pogrom!

21.2  Le pogromisme

Dès 1919, Hitler présentait son antisémitisme, non pas comme une judéophobie qui ne serait qu’un “antisémitisme d’humeur”, selon sa formule d’époque. Un tel antisémitisme, annonçait-il dans le tout premier texte politique qu’il a laissé, conduirait à des pogroms. Ils ne sont pas la solution hitlérienne de la question juive. Son antisémitisme, lui, se prétend “de raison”, - de raison raciste -, et, tout autant, il se veut “légal”. L’action légale suppose évidemment “un gouvernement fort, de puissance - et non d'impuissance - nationale”, celui que Hitler, encore homme seul, se propose de donner à l’Allemagne défaite en 1918. Dans l’antisémitisme historique - depuis qu’il s’est donné ce nom, vers 1880, - c’est à l’Etat qu’il incombe de priver les Juifs des droits de citoyens. Ils se les sont appropriés avec “leurs” idées de 1789. Dans cette lignée réactionnaire, le programme nazi de 1920 les exclue de la société civile, ravalés au statut d’“étrangers". Ils sont à exclure, si c’est nécessaire, de l’espace allemand. Dès 1933, l’Etat hitlérien s’engage dans cette double politique d’exclusion. Les dispositions légales antijuives se multiplient acculant les Juifs allemands à quitter en masse leur pays.

Les sursauts de violences qui ponctuent l’action légale de discrimination et d’exclusion - le boycott des magasins juifs, le 1er avril 1933 ou surtout cette “nuit de cristal” tardive de novembre 1938 - sont autant de concessions aux tendances pogromistes que charrie le parti. Mais ce pogromisme n’est pas constitutif du nazisme et l’hitlérisme aura bien soin de ne jamais confier au parti proprement dit la responsabilité de son action antisémite; a fortiori lorsqu’à son tour, il optera, en 1941, pour une “solution finale” autre que légale, il chargera de l’exécution de cette “chose la plus dure qu’elle a accomplie” une “organisation” spéciale qui n’est ni l’Etat, ni le Parti. La SS d’Himmler procède de l'un et de l'autre, mais elle ne s’y confond pas et agit selon ses propres normes dans l’“honneur et [la] fidélité” au Führer. Le génocide qu’il lui faut commettre, ses tueurs l’accomplissent pour la “gloire” de la SS. L ’extermination systématique et méthodique des Juifs est d’une tout autre nature que les homicides sporadiques du pogromisme, voire les massacres “ordinaires” même - sinon surtout - de Juifs dès l’invasion de la Pologne.

Au besoin, cette violence meurtrière antijuive dont les “soldats politiques” du Führer sont l’instrument peut prendre la forme du pogrom. Il s’agit alors, expliquent les SS, d’un masque pour ne “pas faire apparaître immédiatement [cette] rigueur exceptionnelle[1]. C’est qu’elle “heurtai[t] même les sentiments des Allemands”, expose le chef d’un escadron de tueurs de la SS et de la police. Tout hitlérienne qu’elle fût depuis 1933, cette Allemagne restait aussi “l'Allemagne de Kant et de Goethe”. Et celle-ci parvenait à s’exprimer, qui plus est, dans le rare propos de dignitaires nazis. La “façon de procéder” des tueurs SS les indisposait et ils ne s’interdisaient pas, tout au moins en privé, de leur reprocher “continuellement d'être des sauvages et des sa­diques[2]. Cette “Allemagne [...] perdue de réputation dans le monde entier [...par leur] faute avait certes aussi inventé l’“antisémitisme” sept décennies plus tôt, mais elle n’avait pas dans la première période du mouvement antijuif, endossé les violences qu’il s’autorisait ailleurs.

C’est de la Russie tsariste que l’Europe a appris, tout au début du XXe siècle, à décliner le mot de “pogrom”. Celui de Kichinev avec ses 47 morts, le dimanche et le lundi de la Pâque chrétienne de 1903 a servi de modèle pour ces descentes furieuses sur le quartier juif, avec destruction d’habitations et incendie de synagogues. Mais, le modèle est demeuré une caractéristique de la judéophobie dans l’Est européen. Le traumatisme de la révolution bolchevique et la guerre civile y générèrent en 1919-1920 des pogroms au bilan meurtier bien plus lourd que dans le modèle de Kichinev. Les morts s’y comptaient dorénavant par centaines et par milliers.

Cette violence pogromiste n’a cependant pas gagné la République de Weimar, dans les années ’20. Non pas que toute violence contre les Juifs ait absente de cette Allemagne en proie à la contre-révolution. Le traumatisme de 1918 a précisément greffé sur l’antisémitisme le fantasme lourd de conséquences du “coup de poignard dans le dos”. Il produit, dans les premières années ’20, les attentats politiques d’extrême-droite contre d’anciens ministres d’origine juive tenus pour responsables des malheurs de l’Allemagne nationale. Mais, toute cette mouvance d’extrême-droite où fourmillent les formations para-militaire, y compris dans sa composante nazie, ne se livre à aucun déchaînement de violences physiques comparable aux incendies criminels et meurtriers des années ’90. Le pogromisme se pratique seulement sur un mode symbolique dans la République de Weimar. Même avec un parti nazi encore groupusculaire, il se manifeste sous la forme de profanations de cimetières et de synagogues israélites, particulièrement nombreux dans ce pays. Ces profanations signifient, comme le pogrom, la négation du droit des Juifs de vivre là où ils vivent, mais elles le signifient sur un mode symbolique: l’attaque ne vise pas les Juifs physiquement, elle s’en prend aux signes symboliques de leur établissement dans la société.

De 1924 à 1930, on dénombre près de 120 de ces pogroms manqués. L’analyse des cas où les coupables ont pu être identifiés est instructive. Sur les 91 cimetières profanés, les responsables sont connus dans 17 cas. Si le bilan de la répression légale est dérisoire, il renseigne sur le caractère de ce pogromisme symbolique. Il n’est pas tout à fait “innocent”. Dans 6 cas, les auteurs appartenaient à des organisations nationalistes dont le parti nazi dans 3 cas, encore qu’ils n’agissaient pas sur instruction du parti. Le phénomène porte déjà la marque de la spontanéité individuelle. Elle se dévoile dans les 9 autres cas identifiés: les coupables étaient des écoliers ou des mineurs d’âge sans affiliation politique. Le phénomène était de type socioculturel. Les profanations ne relèvent pas de l’action politique. Elle procède d’une judéophobie latente, et non de l’antisémitisme proprement dit!

21.3  Judéophobie et antisémitisme

En histoire, sous peine de se tromper d’enjeu, les choses doivent s’appeler par leur nom. Le concept de judéophobie, plus générique que celui d’antisémitisme, rend mieux compte de ses mutations. Cette clef de lecture plus souple n’aperçoit plus aucun paradoxe dans la résurgence du pogromisme après les horreurs du racisme antijuif au cours du second conflit mondial. La guerre à peine finie, il donne lieu, en 1945, au massacre de Kielce dans cette Pologne à peine libérée dont le IIIe Reich nazi maintenant vaincu avait fait le cimetière sans tombe des Juifs d’Europe. En Allemagne, le pogromisme, plus tardif, ne se manifeste plus avec cette violence. Tout à la fin de 1959, il sert, sous sa forme symbolique, de support au néo-nazisme, avec des croix gammées barbouillées sur des synagogues. Renouant avec la tradition judéophobe, le phénomène persiste et se manifeste en une série de vagues successives. En 1992, la haine accumulée dans les profondeurs de la société allemande ne s’extériorise pas seulement dans les incendies criminels visant - et tuant - des étrangers, de préférence turcs. Elle s’exprime encore dans la forme symbolique des profanations de cimetières israélites. On a recensé 77 cas, presque autant en une seule année que dans les années ’20.

Et le phénomène n’épargne pas d’autres pays. La profanation de 34 tombes du cimetière israélites de Carpentras a frappé les esprits. Perpétrée le 10 mai 1900, exactement cinquante ans après l'invasion allemande de l'Europe occidentale, son retentissement a été considérable, et non seulement en France. Sous le choc, on s’est affolé. On a pensé découvrir les raisons profondes de Carpentras, en premier lieu dans l'action de l'extrême-droite, et en second lieu dans l'oubli de ce qui s'est passé durant la Seconde Guerre Mondiale. On a même considéré que les tentatives de nier le génocide y avait contribué. Dans l’affolement, le Parlement français s’est empressé - inconsidérément - d’adopter la loi Gayssot réprimant la contestation des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Le même désarroi a provoqué, après la progression spectaculaire de l’extrême-droite aux élections législatives du 24 novembre 1991, le dépôt d’une proposition de loi belge, reprenant tout aussi inconsidérément le texte français. En se trompant d’histoire, le syndrome de Carpentras faisait l’impasse, entre autres, sur le présent.

La profanation de Carpentras qui fait découvrir la persistance d’une judéophobie était en réalité banale. Au cours de cette année 1990, il y avait eu pas moins de 24 profanations en France. Banal, le phénomène était permanent. Dix ans plus tôt, la France avait, de 1975 à 1980, enregistré 100 profanations de synagogues et 17 de cimetières israélites. Le bilan rappelle quasiment celui des années ’20 dans une Allemagne où, pourtant, la présence juive était plus ancienne et, alors, plus nombreuse. Tout autant que dans la République de Weimar, ces profanations des années 75-80 n’étaient pas le produit de l’action antisémite de l’extrême-droite. Avec moins d’un % des voix dans les scrutins des années ’70, le nouveau Front National de Le Pen était à l’époque groupusculaire. Le “révisionnisme” dont il diffusait les écrits - comme toute l’extrême droite européenne - n’était pas moins confidentiel. Il s’apprêtait à faire sa percée dans les médias comme la formation de Le Pen sur le plan électoral. Dans ses provocations, Faurisson avait bien soin d’éviter l’accusation d’antisémitisme. “Il faut éviter de voir des antisémites partout”, conseillait le respectable professeur d’université à une très respectée revue scientifique d’histoire. Si cette “vérité, ou sa recherche, ne saurait être antisémite”, elle était, dans le cas du “révisionnisme” catégoriquement antisioniste. L’antisémitisme s’était adapté aux sensibilités judéophobes mises à l'épreuve du conflit israélo-arabe et palestinien du Proche Orient depuis la fin des années ’60. Cet antisionisme de substitution autorisait un Faurisson à apercevoir dans le “prétendu génocide des Juifs” un “mensonge historique”, “gigantesque escroquerie politico-financière” dont “le peuple palestinien tout entier” serait la victime et “les principaux bénéficiaires [...] l'Etat d'Israël et le sionisme international”.

La passerelle antisioniste balisait le terrain pour la réhabilitation d’un antisémitisme d’opinion, quant à lui politique. Il s’affirma dans les années ’80 par le détour du “révisionnisme”. Pour l’avoir couvé au temps où elle-même était confidentielle, l'extrême-droite fit mine, en toute candeur, de le découvrir dans son avancée électorale. Elle se serait posée à son tour “un certain nombre de questions”. Elle récusait bien sûr toute “vérité révélée” au nom de la liberté de l’esprit[3]. Ce discours respectable accréditait, dans un premier temps, une tentative embarrassée de banaliser tout au moins l’antisémitisme génocidaire. Mais vidé de toute singularité historique, le génocide n’était plus seulement un “point de détail” de l'histoire de la seconde guerre mondiale. La banalisation fut plus subtile. D’une pierre, l’opération Le Pen fit deux coups. Le chef de l’opposition nationale en France ravalait l’événement singulier de la seconde guerre mondiale au rang de “détail” du “détail”. Le “point” englobait désormais les “camps de concentration où moururent par million, juifs, tsiganes, chrétiens et patriotes de toute l'Europe et les méthodes employées pour les mettre à mort : pendaisons, fusillades, piqûres, chambres à gaz, traitements inhumains, privations[4]. En 1987, ce discours réducteur du génocide juif renvoyait le public à sa propre représentation tronquée des atrocités nazies. La mémoire historique pratique en permanence, depuis 1945, l’amalgame symbolique du “camp de concentration et d’extermination” et la confusion mythique du génocide avec la mort concentrationnaire[5]. Il a produit dans les années ’60 la représentation mythique d’Auschwitz. Le “point de détail” se joua de cet embrouillement des notions d’histoire[6] pour tenter, à sa manière, de faire “passer un passé qui ne veut pas passer[7] dans une France en proie au “syndrome de Vichy[8].

Cette banalisation du génocide juif inscrite dans l’air du temps est le passage obligé d’une entreprise plus du tout banale. Elle débordait l’hexagone français. Même en Belgique, l’extrême droite la plus radicale et ses nostalgiques du national-socialisme, néo-nazis et chevaux de retour fraternellement unis, s’extasièrent de leur vertu retrouvée. Il leur avait fallu “attendre” ce révisionnisme français de bon aloi “pour apprendre ce que les Allemands n’ont pas fait[9]. “Nationaux-socialistes, ils ne devaient plus en public “encore éprouver maintenant un sentiment de culpabilité”. Hitler réhabilité était plus que jamais un prophète de son temps. En 1989, cent après sa naissance, il était toujours “l'un des plus grands génies politiques, militaire, historique et poétique (sic) de l'humanité”, aux dires d’un jeune néophyte franco-belge[10]. Dans un discours délirant de racisme, le jeune nazi du temps présent s'attristait du “terrible et pathétique spectacle, en vérité, [...] de ces victimes du mensonge historique, de ces jeunes filles et de ces jeunes gens dont la race n'est pas encore tout à fait détruite par le métissage des sangs, mais dont, plus irréversiblement encore, l'âme, l'esprit, l'intelligence ont été corrompus, abîmés - et sans doute pour toujours! - par le bourrage de crâne totalitaire de quarante années de propagande culpabilisatrice à travers l'école, la presse et la télévision”. “Post-révisionniste”, un tel délire n’est nullement “passéiste”. Il vise dans le temps présent la “racaille d'extrême-gauche bourgeoise enjuivée” et dévoile sa “hai[ne]” tout actuelle des “Juifs non pour ce qu'ils [...] ont fait, mais parce qu'ils sont juifs"[11]. L'animateur du Vrij Historisch Onderzoek - Recherche Historique Libre qui en Flandre mène une propagande plus systématique pour le révisionnisme, imprime des autocollants pour une “Europe” tout aussi “libérée de la tyrannie juive”.

La décennie des années ’80, inquiète à bon droit de la montée de la xénophobie, n’a pas pris d’emblée la mesure correcte du phénomène nouveau dont la percée médiatique du “révisionnisme” était, avec son opportun détour antisioniste, le signe.

21.4  L’antisémitisme des années ’80

La décennie ’80 avait pourtant débuté sur un mode retentissant. Le 3 octobre 1980, une bombe explosait devant la synagogue de la rue Copernic à Paris, faisant 4 morts et vingt blessés parmi les passants. L'attentat provoqua une indignation tout aussi générale que la profanation du cimetière de Carpentras, à la fin de la décennie. L’onde de choc amena, en Belgique, l’adoption, le 31 juillet 1981, de la première loi “tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme ou la xénophobie”. Les yeux tournés vers le Sud, ce pays de l’entre-deux était toujours en retard d’une mesure. Dix ans plus tôt, la France s’était dotée d’une législation antiraciste, en 1972. Celle-ci n’anticipait pas la grande vague de xénophobie que la crise allait déclencher, dès 1973. La guerre d’Algérie, achevée en 1962, avait laissé de profondes traces dans les esprits. La tradition antisémite y restait ancrée en profondeur. En 1966 - donc, avant la guerre des six jours au Moyen-Orient et la dérive antisémite qu’elle libéra -, 9 % des Français s'avouaient déjà comme “plutôt antisémite[s]”. De tels sondages n’existent pas en Belgique. On incline à y penser qu’elle ne connaît pas de manifestations caractérisées et quantifiables d’antisémitisme. Il n’empêche que des croix gammées badigeonnées sur des magasins juifs à Bruxelles en 1960 avaient amené, vingt ans avant son adoption, le dépôt de plusieurs propositions de loi antiraciste. Après Copernic, la Belgique légale ne comble qu’en partie son retard. La loi de 1981 réprime seulement “certains actes”. L'intitulé est symptomatique. Il concerne le “racisme ou la xénophobie”. Expressément, il ne vise pas cet antisémitisme qui pourtant allait marquer la décennie comme jamais depuis 1944. Il n'est qu'implicite dans la nouvelle loi, comme s’il n’était qu’un sous-produit du racisme et, à cet égard, une catégorie moins essentielle que la xénophobie. Au demeurant, pense-t-on volontiers, le Juif aurait désormais cédé la place à l'étranger maghrébin ou turc, dans un discours de haine dont les retombées violentes l'épargneraient.

Cette sous-estimation de la judéophobie procède d’une double erreur d’appréciation, tant il est vrai qu’en se trompant sur les enjeux du présent, on se trompe aussi sur ceux du passé. En 1987, le “point de détail” d’un Le Pen n’a pas uniquement été un clin d’oeil calculé des nostalgiques de l’“Ordre nouveau” dans sa mouvance polymorphe. Fort de son tout récent score de 9 % aux élections législatives de 1986, le chef du Front national levait, par le détour du “révisionnisme”, le tabou sur l’antisémitisme. Désormais, l’opposition nationale d’extrême-droite s’adressait ouvertement aux 21% de Français qui estiment, en 1988, que “Ies Juifs ont trop de pouvoir en France”. En 1990, ils sont 24 %, bien plus nombreux qu’en 1966, à considérer qu’il s'y trouve même “trop de Juifs”. Face au choc de Carpentras, Le Pen s’empresse, en mai 1990, de dénoncer de la télévision même ce “pouvoir des Juifs dans les médias”. Les années de crise n’ont nullement substitué à un antisémitisme dépassé une xénophobie plus générale et plus actuelle.

Dans le discours d’exclusion, la xénophobie n’exclut pas la judéophobie. Il laisse toujours un espace à l'antisémitisme pour s’affirmer à propos et, dans cette dynamique du rejet, l’une et l’autre additionnent leurs méfaits. Les comptes français de 1990 ne se réduisent pas aux 52 cas de violences xénophobes enregistrés dont 37 contre des Maghrébins. Ils ont fait un mort et 36 blessés. Il s’y ajoute, dans cette année de Carpentas, 20 actions antisémites certes moins violentes: elles ont fait seulement 3 blessés. Les comptes français de l’histoire - les belges également - sont bien plus significatifs. Cette référence historique - le plus souvent méconnue - s'impose pour prendre la bonne mesure de cette synergie de l’antisémitisme et de la xénophobie, en l'occurrence une relation dont l'issue a été fatale.

En France, les services allemands d'occupation, tout racistes qu'ils aient été, ont bien saisi que l'antisémitisme d'importation nazie et de facture raciste avait à s'adapter aux susceptibilités xénophobes de la société d'où il s'apprêtait à extirper les Juifs. Pour mettre en route les convois de la solution finale, ils ont exploité, pendant l'été 1942, le fait que “la montée de l'antisémitisme est due en grande partie à l'immigration de Juifs de nationalité étrangère” dans les années d'avant la guerre[12]. Ils ont tablé sur “le rôle psychologique” de leur "évacuation". Les 13.000 Juifs que la police française arrêta à Paris pour le compte des SS pendant la grande rafle du Vel' d'Hiver, les 15 et 16 juillet 1942, étaient tous de nationalité étrangère. Totalitaire dans son principe biologique et racial, la solution finale a toléré, au moment crucial des grandes déportations, un es­pace paradoxal pour les citoyens juifs de France. Attaqués plus tard, les Juifs de nationalité française, bien que plus nombreux que les étrangers, ont été déportés en moins grand nombre. Au bilan final, les deux tiers des 74.000 Juifs déportés de France de 1942 à 1944 et exterminés à 97 % n'étaient pas français.

Le même paradoxe xénophobe a fonctionné en Belgique occupée. Les 25.000 Juifs acheminés de Malines à Auschwitz et exterminés à 95 % constituent près de la moitié des Juifs étrangers du pays. Les citoyens juifs - infime minorité dans le cas “belge” - ont été également moins vulnérables. Comme en France, l'entame antisémite a d'abord été xénophobe. Elle visait à ménager ... les autorités belges pour que l'“évacuation” des Juifs - commencée avec les étrangers - ne fît pas “trop de sensation”. Les militaires allemands de Bruxelles interdirent même, à cette fin, à la police SS de réquisitionner encore la police belge pour rassembler les Juifs à déporter. La Belgique , nullement ralliée pourtant à l'Ordre nouveau comme l'Etat français du Maréchal Pétain, n'avait pas manqué d'avoir sa propre rafle du Vel' d'Hiver. A Anvers, par deux fois - les deux nuits des 15/16 août et des 28/29 août - la police belge se laissa réquisitionnée pour opérer parmi les Juifs de la ville autant de ravages, toutes proportions gardées, ses collègues de la police parisienne, un mois plus tôt. Cette collaboration policière belge a toutefois été exceptionnelle: elle s'est réduite à livrer aux SS allemands 12% des déportés de la solution finale. Ce furent dès lors les formations paramilitaires belges d'Ordre nouveau, en particulier les SS flamands qui, pour pallier l'insuffisance des effectifs policiers allemands, prirent le relais dans la traque des Juifs.

Dans cette démarche également, la xénophobie s'est combinée avec l'antisémitisme. Si ce n'est la frange la plus radicale déjà acquise avant la guerre à “la sauvegarde de la Race et du Sol”, l'extrême-droite belge ne s'y était convertie qu'au début de l'occupation. “Rares sont ceux qui, en Belgique, ont accepté de voir la question juive sous cet angle”, avouait le porte-parole du rexisme, après les toutes premières ordonnances antijuives de l'occupant[13]. On déplorait alors que “des esprits sains qui ne niaient nullement la nécessité de précautions énergiques contre l'envahissement juif avaient soin chaque fois qu'ils abordaient ce sujet de dire qu'ils n'étaient, ni ne voulaient être des racistes”. “Un bourrage de crânes très adroit dont les auteurs étaient les Juifs eux-mêmes” expliquerait rétrospectivement ce malaise. Ces Juifs seraient “parvenus à faire considérer le racisme comme un concept barbare, indigne de civilisés”.

Dans les années ’30, le rexisme, fraîchement issu de l'Action catholique, voulait même “résoudre [le problème juif] afin de prévenir le développement d’un antisémitisme aveugle dont les conséquences pourraient être graves[14]. Lui ne s’en prenait qu’aux “Juifs d'importation”, ces “Juifs du ghetto [...] misérables poussés par la recherche de conditions meilleures” et venus de Pologne. Dans un souci d'“apai­sement d'un conflit naissant”, cette xénophobie de bon aloi qui refusait l'accusation d'antisémitisme prétendait “interdire absolument toute immigration juive d'où qu'elle vienne et [de] refouler celle qui s'est établie [...] avec l'intention évidente de demeurer”! L'arrivée massive des fugitifs du IIIe Reich - ils n'avaient pas le statut de réfugiés - mit plus encore à mal les traditions d'hospitalité du pays. “ La Belgique , terre de refuge, ne doit pas être, au pro­fit de ceux qui y trouvent asile, une terre d'exploitation”, se récriait le chef de la droite parlementaire, à peine deux semaines après la “nuit de cristal” du 9 novembre[15]. Un organe de sa tendance - la Gazet van Antwerpen - avait averti que la population, “et pas seulement les éléments d'extrême-droite comme on le prétend faussement, en a ras-le-bol” de “la politique de la porte ou­verte[16]. A Anvers, les élections communales d'octobre 1938 donnèrent lieu à une débauche d'antisémitisme et de xénophobie. Le Vlaamsch Volksblok - le bloc populaire flamand - mena ouvertement campagne “contre les Juifs”. Menacée sur sa droite, la droite catholique accusait l'administration socialiste rivale d'avoir “transform[é la] ville en un refuge pour une racaille étrangère qui regarde les Anversois comme une minorité”. Anvers serait devenue sous son mandat “le centre de l'action révolutionnaire en Belgique”. “Plus de 5.000 étrangers, pour la plupart des Juifs allemands, soutiennent une agitation révolutionnaire et forment le corps d'élite de la prochaine révolution[17]. Cette théorie de la 5e colonne n'est pas spécifique à l'idéologie d'extrême-droite, mais combinée avec ses ingrédients - raciste, antisémite ou xénophobe - elle produit des effets fatals dans les circonstances historiques appropriées.

21.5  La 5e colonne?

Le fantasme du “coup de poignard dans le dos” articule cette théorie du complot dans le nazisme, en l'occurrence un complot mondial, celui du Juif. C'est cette démonisation du Juif qui différencie l'antisémitisme du racisme dans l'idéologie hitlérienne. S'il a fait du Juif une “race”, Hitler ne la traite pas une “race inférieure” parmi d’autres. L'hitlérisme jugeait, dans son fantasme antisémite, que son Juif était le “chef” de la sous-humanité non-“aryenne”. Plus encore, ce Juif comploteur et empoisonneur était l’“incendaire” coupable de la guerre mondiale. L“humanité” - l’humanité “aryenne” car il n'en n'existe pas d'autre digne de ce nom - serait anéantie, prophétisait Hitler, si le conflit aboutit à “la bolchevisation de l’Europe” et, donc, “la victoire du Judaïsme”. Un tel mode de pensée ne laissait pas d’autre alternative qu’un combat ontologique. L'issue en était ou l’apocalypse de l’“humanité” (aryenne) ou “l’extermination de la race juive”. Le choix démoniaque produisit le génocide dès lors que l'Allemagne national-socialiste ne maîtrisa plus les circonstances historiques. Avec l’échec de la guerre éclair contre l'Union soviétique “judéo-bolcheviste” en 1941, ses tueurs SS, franchissant le pas du génocide des Juifs d'Europe, exécutèrent “la grave décision” dont parlait leur chef, “de faire disparaître ce peuple de la terre”.

On ne saurait, dans le rapport du présent au passé, ignorer, à cet égard, le changement radical intervenu, à la fin des années ‘80, avec la disparition de l’U.R.S.S. et l’effondrement du communisme. Le discours d’exclusion d’aujourd’hui y a perdu la dimension diabolique dont l’anticommunisme chargeait le judaïsme. Ce racisme d'aujourd'hui n'est aussi plus celui des années “brunes”. Comme le dit le propos embarrassé du bourgmestre belge de St Trond après la tentative d’incendie d’un logement de Sikhs dans sa ville en août 1992, il ne s’agit “pas [de] racisme”, mais d’“un problème de concentration de communautés, de culture différente”. Tout autant que le “révisionnisme” a banalisé l'antisémitisme sous couvert d'antisionisme, le “racisme” s'est lui aussi et dans le même élan, vidé de sa référence historique. Il n'est plus biologique. La “nouvelle droite” des années ’70 et ses intellectuels ont fort bien compris que le précédent nazi avait par trop gâché le modèle. A la recherche d’une respectabilité pour sa percée électorale, l’extrême-droite la plus intelligente a récupéré, à son tour, le droit à la différence. Le néo-racisme se veut désormais un ethno-différentialisme. Il revendique la différence dans une interprétation d’apartheid. Le discours ethno-centriste s'articule sur le “chacun chez soi” et sur “son propre peuple, d'abord”. Le renvoi des immigrés est son programme politique. Les Maghrébins et les Turcs y remplissent la fonction du Juif d’hier. Parfois, le discours dérape et englobe les Juifs d'aujourd'hui. Ils “ont leur propre Etat”, comme le dit le vice-président du Vlaams Blok dans Het Algemeen Dagblad en octobre 1979, et “par conséquent, ils devraient se trouver en Israël”. Mais, la dérive est dans le discours. Le programme politique, lui, cible la vague d'immigration des Golden Sixties et les enfants nés depuis pour le rapatriement futur, s'il en a le pouvoir. On a souvent dit qu'un tel programme rappelait celui des nazis à l'encontre des Juifs. L'extrême-droite s'en défend. “Nous ne disons pas que nous voulons les embarquer de force dans un bateau, pour le couler au milieu de la Méditerranée ”, protestait en 1985 un Front National belge en mal d’honorabilité. Le plus grave n'est pas, dans ce propos, qu'il ait, en pensant au passé, envisagé comme hypothèse possible d'envoyer à la mort ces ‘immigrès’ pendant leur expulsion. La justification idéologique de ce rapatriement massif est plus pernicieuse. Elle introduit, dans la pensée d'extrême-droite, la théorie du complot disparue avec le “judéo-bolchevisme”. La conspiration est aujourd'hui celle de la révolution islamique et les millions de travailleurs musulmans immigrés en Europe y deviennent “en quelque sorte une cinquième colonne”, comme le signale le Vlaams Blok, en février 1990.

Il y a là, dans le discours idéologique, une innovation que les néo-nazis et les nostalgiques de l'Ordre nouveau occultent avec leurs oripeaux défraîchis. Hitler, quant à lui, n’a pas été un pâle imitateur. Il avait innové avec son antisémitisme du complot mondial. On ne saurait se référer à ce passé horrible sans comprendre que les ruptures dans la continuité font précisément l’histoire et que l'idéologie et les structures basculent dans l'inconcevable quand elles ne maîtrisent plus les circonstances qu'elles produisent.

Il y a là, dans le discours idéologique, une innovation que les nostalgiques de l'Ordre nouveau, les néo-nazis et autres skinnazis occultent avec leurs oripeaux défraîchis. Hitler, quant à lui, n’a pas été un pâle imitateur. Il avait innové avec son antisémitisme du complot mondial. Le mythe de la conspiration produisit l'événement inconcevable quand l'idéologie et les structures ne maîtrisèrent plus les cinconstances qu'elles engendraient. Face aux violences xénophobes et aux crimes d'aujourd'hui, il importe, au-delà de la légitime et indispensable indignation, de bien comprendre que les ruptures dans la continuité font précisément l’histoire.

[1] document L-180 POLIAKOW et WULF, Le IIIème Reich et les juifs, p. 140 à 147
[2].Voir le cas cité dans M. STEINBERG, Les yeux du témoin ou le regard du borgne, L'histoire face au révisionnisme , Ed. Le Cerf, Paris , 1990,  p. 119.
[3]. “M. Jean-Marie Le Pen au Grand Jury R.T.L. - Le Monde, “Les chambres à gaz? Un point de détail”, in Le Monde, 15 septembre l987. Voir l’exposé de l’affaire, dans le jugement de la Cour d’appel de Versailles, le 18 mars 1991 dans l’affaire Le Pen, in D. BATSELE, M. HANOTIAU et O. DAURMONT, op. cit., p. 193.
[4]. P. JARREAU, "Les explications de M. Le Pen sur les chambres à gaz, la nuit tous les chats sont gris", in Le Monde, 20-21 septembre 1987.
[5]. Voir sur cette représentation tronquée, M. STEINBERG, “La symbolique d'Auschwitz  ou l'impasse de la mémoire”, in M. & N. WEINSTOCK, éd., Pourquoi le Carmel d'Auschwitz?, Revue de l'Université Libre de Bruxelles, 1990/3-4, pp. 47-62 , ainsi que “Les dérives de la mémoire d'Auschwitz”, in Points Critiques, Bruxelles, n°50, décembre 1992, pp.16-27.
[6]. Les Juifs du génocide ont été assassinés dans des centres d’extermination , et non des camps qui auraient été d’extermination. Ces centres n’étaient pas des lieux d’enfermement concentrationnaire, mais des terminus ferroviaires équipés de chambres ou de camions à gaz pour faire disparaître les convoi s  juifs à leur arrivée. Le processus est identique dans le cas d’Auschwitz  où le centre d’extermination  était installé dans un camp de concentration: les Juifs voués à l’extermination systématique dès leur arrivée n’étaient pas inscrits à la matricule du camp.
[7]. En Allemagne , un autre révisionnisme  nullement négateur a tenté, en 1986, de faire avaliser l’entreprise avec des arguments empruntés à l’histoire. Voir E. NOLTE, “un passé qui ne veut pas passer”, in Devant l'Histoire, Les documents de la controverse sur la singularité de l'extermination des Juifs par le régime nazi, Cerf, 1988, p. 29.
[8]. H. ROUSS O, Le Syndrome de Vichy .1944-198.., Paris , 1987
[9]. Déclaration de la "Veuve noire", Florrie Van Tonningen, épouse d'un nazi néerlandais qui, accusé de colla­borations, s'est suicidé en 1945, in H. GJSELS, “Humo sprak met Bert Erikson” in Humo, 23 avril 1987, pp. 92 à l02. Voir aussi M.  STEINBERG, “Bert Erikson aan het woord, Faurisson  als heraut van oude en nieuwe nazi's”, in De Rode Vaan, 9 juil­let l987, p.10.; également M. STEINBERG, “Oui, je suis nazi”, in Regards, 9 juillet-22 août l987.
[10]. O. MATHIEU, “Le post-révisionnisme  est né à la Foire du Livre de Bruxelles”, (tract, mars 1989)
[11]. Dans son tract, O. Mathieu  ne craint plus d’affirmer: "je hais les Juifs non pour ce qu'ils m'ont fait, mais parce qu'ils sont juifs"”.
[12]. NG 183 Télégramme de Abetz, Paris  le 2 juillet 1942, reproduit in S. KLARSFELD, Deutsche Dokumente 1941-1944, Die Endlösung der Judenfrage in Frank reich, Paris, 1977, p. 74.
[13]Prélude au grand nettoyage, un statut  des Juifs entre en vigueur dans Le Pays Réel, 6 novembre 1941.
[14]La Belgique  et les Juifs dans Rex, 10 janvier 1936
[15]. Charles du Bus de Warnaffe, cité d'après L. Saerens, De houding van de Belgische publieke opinie ..
[16]Gazet van Antwerpen, 2 mai 1938
[17]. Tract cité d'après L. SAERENS, De houding van de Belgische publieke opinie tegenover de Joden in de jaren voor Werel­doorlog II. De Gazet van Antwerpen tijdens de periode 1933-1940, mémoire de licence en histoire inédit, K.U.L., 1983.